Est-ce que les pilotes de ligne se mettent en grève parce que les procédures d’atterrissage sont trop complexes ? Est-ce que les chirurgiens protestent parce qu’on les oblige à opérer en milieu aseptisé en portant un masque ? Alors comment comprendre que les agriculteurs descendent dans la rue derrière un syndicat de capitalistes pour obtenir le droit de polluer les sols et les eaux au risque d’empoisonner toute la population ?
Les écologistes défendent depuis toujours les paysans et la qualité de l’alimentation qu’ils produisent. Ils ont fait leur entrée sur la scène politique en France, il y a quarante ans, avec la candidature de René Dumont, un agronome et un humaniste qui parlait déjà de l’eau comme une ressource précieuse.
Depuis, nous n’avons de cesse de promouvoir une agriculture durable, inscrite dans la vie locale, susceptible de nourrir la planète sans la ravager. Ce modèle comprend l’agriculture biologique, l’agro-écologie et bien d’autres pratiques innovantes dont le point commun est l’humain. L’humain qui produit par son travail dont il doit être justement rémunéré et l’humain qui consomme une nourriture saine et bon marché. Les uns et les autres liés par des circuits courts qui contournent les fluctuations de la Bourse. Les uns et les autres unis pour que leur territoire reste habitable, l’eau potable, les paysages variés et la mer sans prolifération d’algue verte.
Aujourd’hui, force est de constater que l’agro-business a détruit des millions d’emplois dans nos campagnes et transformé les derniers agriculteurs en fonctionnaires de l’Union européenne, payés à grand renfort de subventions et non pas pour des aliments qu’ils n’oseraient pas eux-mêmes consommer. La production agricole est devenue une affaire de banquier et d’industriels qui font fructifier leur capital sans le moindre égard pour l’environnement ni pour les humains qui vivent ou travaillent là. Peut-être est-ce la cause de ce profond désespoir exprimé par les agriculteurs et auquel chacun doit compatir. Mais nous leur disons qu’ils se trompent de cible lorsqu’ils s’attaquent à la directive « nitrates ».
Moïsette Crosnier et Thierry Soler,
Porte-parole d’Europe Écologie Les Verts Orléanais
Paru initialement sur le site d’EELV Orléanais