Notre pays est endeuillé cette semaine par le décès d’un jeune homme pacifique qui a eu le tort d’aimer la nature, de l’étudier bénévolement pour notre profit et de tenter de la défendre par sa présence inoffensive sur le site du barrage de Sivens. Rémi Fraisse a été tué par un soldat en arme qui n’en avait sans doute pas l’intention. C’est l’unique argument que notre gouvernement avait cru bon de lui opposer pour assurer la poursuite d’un projet ravageur pour l’environnement et dont seuls profiteraient une poignée d’agriculteurs productivistes.
Cette mort injuste, indigne de notre pays, appelle au recueillement. Le Président de la République a promis toute la vérité à ce sujet et nous attendons effectivement que la transparence soit complète sur les circonstances du drame.
Pourtant, il existe des gens qui n’ont pas cette retenue. Dans une formule dont nous espérons que les adhérents de la FNSEA ne la cautionneront pas, leur président, Xavier Beulin a cru bon de s’en prendre à ceux qu’il nomme les « djihadistes verts ». Ce patron enrichi en polluant notre pays est tout simplement indécent. Car il utilise le terme de « djihadiste » pour ce qu’il représente de plus terrible dans l’imaginaire collectif, à savoir l’assassinat de Français innocents dans des conditions effrayantes. En associant ce mot au parti écologiste il laisse entendre que les défenseurs de l’environnement seraient les vecteurs de la violence au moment même où ils pleurent l’un des leurs.
Ce procédé est honteux.
En vérité, le mouvement écologiste a toujours revendiqué la non-violence dans les luttes qu’il mène et, de Creys-Malville à Sivens en passant par le Rainbow-Warrior, c’est dans ses rangs que l’on trouve les victimes et non les agresseurs.
En revanche, monsieur Beulin préside un syndicat dont les actions sont particulièrement peu regardantes sur les moyens employés. Depuis le saccage du bureau de la Ministre Dominique Voynet jusqu’à la destruction récente de bâtiments publics, les dégâts occasionnés par les manifestations de la FNSEA sont sans commune mesure avec les joyeux démontages de restaurants pratiqués par les écolos.
Parce que nous sommes convaincus que les paysans français ne sont pas à l’image de cet homme d’affaires méprisant, nous regrettons que le comportement de Xavier Beulin donne une image aussi déshonorante du monde agricole et nous dénonçons sans appel ses propos.
Moïsette Crosnier et Thierry Soler,
Porte-parole d’Europe Écologie Les Verts Orléanais